Ses études à l’N7
Geneviève Campan obtient son diplôme N7 en 1980 dans la filière « Informatique et Mathématiques appliquées » (équivalente à la filière Sciences du Numérique d’aujourd’hui). Elle conserve « un excellent souvenir » de sa vie étudiante dans la ville rose ainsi que de sa spécialisation dans l’informatique débutante.
Elle effectue sa première expérience professionnelle au CNES (Centre National des Études Spatiales) à Toulouse lors de son stage de deuxième année. Celui-ci est reconduit pour son stage de troisième année (à l’époque, le rythme était de 3j/semaine en entreprise et 2j/semaine à l’N7). Son premier sujet de stage aborde le calcul de la trajectoire des satellites à partir des données calculées par des stations au sol. La méthode consiste à utiliser un filtre moindres carrés glissant pour traiter ces données : des mathématiques appliquées à un sujet passionnant.
Elle assiste au lancement de la première fusée Ariane le 24 décembre 1979. Ces moments forts ainsi que les mathématiques appliquées à un domaine scientifique concret, lui ont donné envie de poursuivre sa carrière professionnelle au CNES.
Sa carrière professionnelle au CNES
Elle débute dans un service dédié à la mécanique spatiale. Elle participe aux activités de mise à poste des premiers satellites opérationnels français. Leur mission est de calculer la trajectoire du satellite, son attitude par rapport à la Terre ainsi que son orientation dans l’espace. Elle réalise beaucoup de mises à poste de satellites pour des satellites nationaux puis internationaux (Etats-Unis, Amérique du Sud, Turquie...) en support à l’industrie spatiale française. Une période au CNES qui est intense techniquement, opérationnellement et humainement. Une fois que le processus de mise à poste est plus rodé, l’industrie devient autonome et les équipes du CNES se réorientent vers de nouvelles missions.
Elle devient Manager en 1996 dans le domaine des opérations satellite et s’éloigne par la même occasion du secteur technique mathématique. Elle rejoint un secteur pluridisciplinaire et système, s’appuyant sur les experts de différents domaines. Une nouvelle expérience, riche et passionnante, avec des échanges au travers de groupes internationaux composés d’agences spatiales et d’industriels assurant ce même type de mission.
En 2008, le CNES lui confie une nouvelle mission visant à l’optimisation de la diffusion et de l’utilisation des données fournies par les satellites CNES. Les données spatiales sont un nouvel or noir, tant elles sont difficiles à obtenir et riches d’information pour la science. La progression des puissances de calcul et de stockage permet des utilisations croisées et complémentaires sur des périodes pouvant être assez longues (possibilité d’analyser des évolutions). Les données récoltées servent à découvrir Mars, rechercher des exoplanètes, surveiller notre planète Terre (à ce titre sur 50 variables qui permettent de surveiller l’évolution du climat, 26 ne sont observables que depuis l’espace), aider à la navigation ou au sauvetage de naufragés et bien d’autres. Les finalités de ces données sont une motivation complémentaire s’il en était besoin.
L’opportunité de devenir Directrice au CNES
En 2011, le CNES lui propose le poste de Directrice du Système d’Information. Ce service est incontournable pour toutes les activités liées au travail des employés, mais aussi dans la mise en place de moyens et solutions en support aux projets. Le Système d’Information est par exemple au cœur du traitement des données (réseau informatique du CNES, cloud, calcul intensif, etc.).
En 2016, elle prend la tête d’une direction qui recouvre l’ensemble des activités numériques et des opérations satellite du CNES. Elle devient également Chef de Centre du site de Toulouse.
La structure du CNES
Les effectifs du CNES sont répartis entre Toulouse (environ 70% de ses effectifs), Paris (le siège et les lanceurs) ainsi que Kourou en Guyane. L’organisation du CNES est basée sur des directions qui peuvent être multi site, par grands thèmes, et décomposées en sous-direction et services.
Un Chef de Centre a la charge du site, les locaux, la sécurité, les interfaces avec les autorités locales, il préside également le Comité Social et Economique. Actuellement en 2022, le Chef de Centre du CNES de Toulouse est un ancien diplômé de l’N7, M. Thierry LEVOIR. En plus de ce statut, il est Directeur Central de la Sécurité Industrielle et de la Sûreté pour l’ensemble du CNES (multi site).
La place de la femme durant ses études et sa carrière professionnelle
On en a profité pour lui poser quelques questions sur la place de la femme dans les milieux scientifiques qu’elle a fréquenté tout au long de sa vie.
Lorsqu’elle était en classe préparatoire (spécialité Mathématique), les filles étaient très peu représentées. A contrario à l’N7, les filles représentaient un peu plus d’un tiers de sa promo, ce qui n’est pas négligeable pour une école d’ingénieurs.
Au CNES, le sujet de l’égalité homme/femme et celui de la non-discrimination ont été pris en compte assez tôt. Des analyses ont été menées au sein du CNES : comparaison des salaires, des possibilités d’évolution et des carrières. Ces sujets ont fait l’objet de surveillances au sujet des avancements, recrutements, etc. Par la suite, des mesures ont été mises en place (exemple : pas de pénalisation dans les avancements lors de congés de maternité). Elle n’a jamais été en faveur des quotas, même si elle reconnait que c’est une des solutions pour faire avancer le sujet. Mais celle-ci doit être associée à une politique RH s’appuyant sur une véritable volonté politique.
Un dernier mot
Selon elle, « il faut oser, prendre des risques, oser se dire que l’on peut le faire, qu’on a les capacités de réussir, et surtout savoir se faire confiance. Il faut apprendre à se connaître et savoir ce qui nous convient ». Mais il faut aussi savoir reconnaitre et analyser des échecs car « il y en aura et c’est normal ». Elle nous conseille de toujours garder un esprit ouvert, curieux, critique et positif pour se construire un chemin professionnel en accord avec nos valeurs et nos objectifs, tout en trouvant un équilibre entre la vie privée et la vie personnelle. Enfin, Il faut selon elle soutenir la formation d’équipes mixtes dans le travail, gage de performance des équipes et de leur bien-être.
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